PAS À PAS (4)

Chaque pas casse le moule

comme un nouvel appétit

je remonte à la course

ce qu'il me reste de vie

je traverse de l'autre côté

du miroir des brumes

sans laisser de trace

j'entraîne l'obscurité

dans le jour

sans jamais le rattraper.

Jean Coulombe © 2025

(texte et photo)

 

PAS À PAS (3)

 

Je suis invisible

comme le vent

au regard d'autrui

tempête intime

froidure du social

les gens passent

disparaissent

avalés par la ville.

Jean Coulombe © 2025

(texte et photo)

PAS À PAS (2)

à ma mère...

À contre-jour

par bribes

par éclats

l'enfance me revient

vitesse acérée

regard inversé

retour des choses

les cicatrices du trottoir

rejoignent les miennes...

Jean Coulombe © 2025

RETROUVAILLES ...à Xavier

 

30 ans plus tard

prendre un verre à nouveau

dans ce bar d'habitués

parfois difficiles

à reconnaître

30 ans plus tard

prendre un verre

pour se souvenir

30 ans plus tard

entre l'ivresse et l'ennui

prendre un verre dans ce bar

où des fantômes

semblent se glisser

parmi les ombres

rêvant de retrouvailles

à fleur de peau

où des visages oubliés

se souviennent des paroles

des chansons qu'on chantait

pour oublier le temps.

Denis Samson © 2025

PAS À PAS (1)

 

Des saisons passent

dans mon corps

des hivers

dans mes pas

j'avance au rythme

d'une marée

tant de mémoires

fondent en moi

la ville que j'ai connue

la ville que j'arpente

deux chuchotements

sous le béton

l'ancien chemin

que prenait mon père.

Jean Coulombe © 2025

UN ATELIER DES SONGES

Aux façades du crépuscule

un pan du décor dans les nuages

du ciel éteint le bleu s'essouffle

piano d'ombre hoquetant

aux verrières du lunch

la lune une cicatrice

dans l'oeil de la nuit

la soupe chauve est servie

dentelles et dentelles-corps

au zodiaque des néons

de soleils électriques

souliers mous qui dansent

aux terrasses des galaxies

douceur de plâtre

et peau de suie

belle au balcon

pétrifiée

si longtemps si seule

au bras du silence(.)

Denis Samson © 2025

L'IMMÉDIAT

 

Ce moment où tout s'envole

où mille diamants éclatent

où les désirs entonnent

a cappella

une promesse assez vague

pour y croire

horizons perplexes

qui chavirent en tête

se déploient...

Je suis déjà au-delà.

Jean Coulombe © 2025

ACADIE BLUES

 

Détour d'horizon

vague insolite

écho sacré

peu de mots

adhèrent au sable

quand flotte le jour

aucun cri d'oiseau

ne berce le reflet

d'une étoile perdue

dans mes veines

la trace infime

d'une douleur.

Jean Coulombe © 2025

ÉCHOUERIE

 

Un estran où s'échouer

un paysage hors du temps

j'ai joué avec l'amour

à la roulette russe

ma chance légendaire

a fait le reste

tout s'est enrayé

le temps d'un regard

j'ai mal joué ma game

j'ai gagné quand même...

otage sans rançon

offert au large.

Jean Coulombe © 2025

AU RUISSEAU

Au ruisseau

les pierres 

attendent

ta présence

ton rire

tu y attires

tous les rayons

du soleil

au ruisseau

le jour

se casse

en moi

pour toi.

Jean Coulombe © 2025

 

TRAVERSES

 

À quatre mains du coeur

fleuve à bras-le-corps

sans pilote ni repères

je cherche un passage à gué

soleil au ventre

spectre d'une vie passage

amis tout autour

brûlant leur histoire

mon histoire

une vie festin

à s'en immoler

avec ou sans éclipse

le temps a fui.

Jean Coulombe © 2025

RACINES / TEMPÊTES

 

جذور العاصفة

On coupe un olivier

et la terre pleure

racines au vent

racines douleurs

racines à vivre

la terre ne veut pas mourir

la terre ne peut pas mourir

ses larmes sont amères

la force des racines

contre les bulldozers

un peu de soleil

pour tout le monde

la pluie s'endort

sous le sable

l'espoir est une blessure

dans ce bal lugubre...

Jean Coulombe © 2025

MOURIR DANS LA TEMPÊTE

 

Le feu de la nuit

allume le matin

boire les braises

quand le chien du voisin

se prendra pour un loup

quand la montagne

peuplera mon silence

quand la neige avalera

mes traces

cheval fourbu

je pencherai la tête

comme au labour

mon heure venue,

je marcherai léger

mourir    heureux

dans la tempête.

Jean Coulombe © 2025

FERMETURE DE COMPTE

 

Ouvre ton parapluie

les poètes se garrochent

du toit des banques.

Alain Larose © 2024

AU TRAIN OÙ NOUS ALLONS

 

Les satellites boufferont les étoiles

les algorithmes cracheront poésie

l'amour dansera dans le vide

comme une éolienne en transe

le sexe robotisé cherchera tendresse

les drones assassins frapperont en essaims

les orages s'incarneront en ouragans

chaque bouchée aura son plastique.

Au train où vont les choses...

Nous serons tous palestiniens!

Jean Coulombe © 2025