Jean Coulombe, Alain Larose et Denis Samson ; trois poètes librement associés pour partager leur poésie sous toutes ses formes... FONDÉ EN JUIN 2009!
mardi 26 décembre 2017
«UNE VRAIE MALADIE!»
Autopsie d'images
ayant perdu leur rigidité
rêves incendiés sorties de secours
condamnées d'avance
dialogues de sourds
souvenirs périmés
remâchés
écrire pour forcer des nerfs
à se taire
se servir de sa tête
pour reconstruire ces instants
qu'un corps de destruction
voudrait s'arracher du coeur.
Denis Samson © 2017
dimanche 17 décembre 2017
À CIEL OUVERT
Être sur la terre, racines en tête
pour à jouer à cache cache
avec les soubresauts du soleil éventré.
Car les mots de ce ciel rauque
sont plus près qu'ils ne paraissent.
Poème à ciel ouvert.
Jean Coulombe © 2017
mardi 12 décembre 2017
PANDÉMIE
Le silence consommé par le langage
des industries à message
l'endoctrinement se fait de l'intérieur
l'imagination sous contrôle
la pensée est un remède
trop souvent insuffisant
l'imaginaire social
a sa police des mots
la répression s'exerce
par la peur du manque
et le désir de masse
produit
par les grandes corporations
du libéralisme économique psychotique
du capitalismes génétiquement
transmissible
de la civilisation mondiale
des réseaux mutants.
Et j'écris
des poèmes...
Denis Samson © 2017
mardi 5 décembre 2017
L'AUTRE RIVE
Ignorant les miroirs brisés
la ville s'étale au loin
sous nos rêves étroits
la traversée des ombres
arrondit nos couleurs
la lenteur des frimas
nous enveloppe
il y aura une autre rive
tes yeux
le chantent tout bas.
Jean Coulombe © 2017
vendredi 1 décembre 2017
COMMENTAIRE
N'en déplaise au "politiquement correct" actuel
de certains "spécialistes" des médias
les animateurs
des radio-poubelles
ne sont pas des "polémistes" peut-être "nécessaires"
ce sont les éboueurs
du populisme anti-intellectuel
profond
qu'ils suscitent.
Denis Samson © 2017
mardi 21 novembre 2017
LE LENDEMAIN DU SOUVENIR
Mon oncle a fait la guerre...
Il l'a refaite cinquante fois
caché sous la table.
Jean Coulombe © 2017
jeudi 16 novembre 2017
3 PIÈTRES 1/2 À LOUER *
... à tous les mal logés
Quand tu vis dans un trou
t'as beau avoir un domicile «fixe»
c'est dur de vraiment considérer ça
comme un endroit où se sentir
à l'abri.
Niques à feu
chambres à louer
avec salle de bain commune à chier
apparts insonorisés au carton
et autres paradis privés
de vie privée
quand tu te sens sans abri
à l'intérieur
ça peut bien donner le goût
de descendre dans la rue
d'y retourner peut-être.
* Tel que lu véritablement sur un
écriteau, rue Richelieu à Québec, par le passé.
Denis Samson © 2017
jeudi 9 novembre 2017
FACE AU VENT
J'ignore tout ce que ta main peut tenir
face au vent
tu t'accroches sans lourdeur
à cette lumière tamisée par le temps
je te sens capable de soulever
l'écho du soleil
je rapproche ma bouche
de tes fragilités
tu sais m'y laisser boire
les relents de ta fureur
là où la lumière ne nous porte plus
les arbres brûlent
leur ombre meurt sans bruit
entre nos bras.
Dis moi,
face au vent.
Où va ce silence?
Jean Coulombe © 2017
dimanche 5 novembre 2017
BAIN RÉVÉLATEUR (pellicule retrouvée)
Dans la chambre noire
la lumière se souvient
la pellicule a conservé la mémoire
d'une époque
incertaine,
d'une certaine époque, des paysages,
des visages et des
sourires, peut-être...
Dans la chambre noire,
le passé est présent.
Denis Samson © 2017
mercredi 1 novembre 2017
ÉCLAIRCIES
La lumière pâle
peuple les corridors
comme une pluie aride
avare de fruits
un paysage en sursis
au ras des solitudes
la vie a ses moments toujours imprenable
très rarement elle perce les murs aseptisés
ses petites éclaircies ses éclats de beauté
mènent l'espoir toutes chairs battantes
entre les mots orphelins
ses reflets trop humains.
Jean Coulombe © 2017
samedi 28 octobre 2017
HITS (parade)
Les «hits» roulent en gros char
sur le boulevard
huit haut-parleurs
pour tenter de convaincre tout le monde
d'aimer ça
on se fout des paroles
c'est le «rhytm» qui compte
le «beat» le «hook»
les «chansons» sont produites
par des équipes spécialisées
expertes à coller des mots et des sons
répétitifs
dans la mémoire des gens
et ça fait pop et bing et nanana
dans la tête
huit haut-parleurs
et ça roule...
Denis Samson © 2017
jeudi 19 octobre 2017
SI SIMPLE
Les loups de traîneaux courent les embouteillages
les gerbes de couleurs carburent dans l'obscurité
les songes naufragés ont cassé les faux silences
le passé refleurit en cauchemar
tout se voudrait si simple
mais le couchant veille au grain
rien n'arrête les spectres
les parfums explosent aux yeux
le blues est arrivé à son heure
les morsures hantent les tendresses
chaque jour est le «selfie» du prochain
on se couvre de satellites pour se sentir moins seuls.
Tout se voudrait si simple.
Jean Coulombe © 2017
samedi 14 octobre 2017
ULMUS AMERICANA
Un gros arbre beaucoup d'ombre
une belle journée d'été
finissant
un poème
pour retenir l'instant
pour voler aux heures un peu
de ce qui ne revient pas.
(Plaines d'Abraham, «au bureau», septembre 2017).
Denis Samson © 2017
mardi 10 octobre 2017
VENT DE BIAIS
Elle prend le vent de biais
petite voile pâle
au fond de la baie grise
heures mauves
arrachées
aux fragiles musiques
brisures en averse
tant de solitudes
en rafales
mes bras malhabiles
cassent le noir murmure
des prières mortes
au dos de la vie
notre courbe suit la ligne
des montagnes invincibles
toutes nos alarmes
sonnent en creux
brûlent
au ventre de la nuit
l'obscurité comme seule amie
on se hasarde
à remonter le courant
une petite lueur à la fois.
Jean Coulombe © 2017
mardi 3 octobre 2017
À LA GORGE
Dans ta chair s'avance
l'ombre à apprivoiser
un faux silence
absorbe le feu
avec l'été qui meurt
entre nos épaules
on remet tout
aux foudres sauvages
celles qui roulent
à la face du vent
ta main ne tremble pas
ne tremble plus
tu saisis ta vie à la gorge
ce que tu crois de ta légende
carbonise l'instant frêle
tu organises ta fuite
pour mieux rester
migration intime
immobile de fureurs.
Jean Coulombe © 2017
lundi 25 septembre 2017
SPECTACLE
Foodies culturels
westerns sushis
humour industriel
le grand show d'humiliation
en continu
paumés de la chair des bombes
viande de feu
aux vitrines des bûchers
les meilleures émissions de police
et de barmaids...
Ils disent qu'on est rendus là!
Denis Samson © 2017
mercredi 13 septembre 2017
L'INSTANT
Un rouleau-compresseur d'étoiles
viendra amortir le jour.
En attendant...
Les oiseaux décorent
le silence.
Jean Coulombe © 2017
dimanche 10 septembre 2017
SMOG
Miroir émoussé au tranchant d'un profil
visage reflétant ce qu'il peut
aube crépusculaire
la ville en chaleur
les fenêtres soupirent
numéros 1 de la haine à la radio le matin
les animateurs du déclin
se remettent à aboyer.
Denis Samson © 2017
mardi 5 septembre 2017
SE PARLER TOUT SEUL
La glace de sa voix
emplit mon répondeur
de feux éteints
la déchirure du jour
s'incruste au frimas
de mes ailes repliées
le printemps furtif
s'acharne à vide
les décors valsent
moi, je ne danse plus
lourd de fausses joies
cassées sur l'écho.
Interminable
cercle vicieux
des faux départs.
Jean Coulombe © 2017
vendredi 1 septembre 2017
ROSÉE
Voix d'eau vive
ciboire d'odeurs aux lèvres des ruisseaux
quelques étoiles de retard sur l'aurore
le poème crée l'instant.
Denis Samson © 2017
lundi 28 août 2017
CHUMMY CHUMMY (poème sans-coeur)
Ce n'est pas mon ami
ça ne le sera jamais.
C'est comme ça!
Entre deux bières, sa solitude
court aveugle à la flamme.
Papillon-loup, lâché par la lune
la poudre le grounde, underground.
Le dos rond, il pleure par en-dedans
il a appris ça de sa mère, qu'il dit...
M'a me caller un taxi.
C'est comme ça!
Jean Coulombe © 2017
samedi 19 août 2017
BRUISSEMENTS
Arbres larguant leurs samares
méandres et tourbillons
parcours forestier où bruissent les ruisseaux
où les ombres chuchotent.
Feuillage obscur où naissent les étoiles.
Denis Samson © 2017
dimanche 13 août 2017
PARCOURS
La patience du soir tombe
et ne se relèvera pas.
Elle a le crâne à la lune, comme le temps.
L'ÉTERNITÉ est un leurre...
On regarde passer les nuages
ENSEMBLE
leur lenteur
en ÉMOTION
tout au long du parcours.
Jean Coulombe © 2017
dimanche 6 août 2017
AU CORPS
Elle traîne au corps
cette bête
son regard ouvre des entailles
la bête a faim.
Comme ces braises qui renaissent
les jours s'enfilent
le long combat du sang
aura sans doute une fin
le crépuscule hurle tout bas
la suite des choses.
Nous sommes en force
la lumière en partage
tous les paysages que nous avons bus
toujours nous enivrent
nos mains se touchent
le toit du monde est solide.
Jean Coulombe © 2017
samedi 5 août 2017
FANTÔMES EN RÉSIDENCE
Images peintes
en poussière d'horloge
matrice des fantômes
aux fourneaux d'une mémoire
l'oiseau à la cuisine
siffle le rappel des heures...
Dans mon rêve
les mots se parlent en secret
se frayant un chemin vers l'éveil.
Denis Samson © 2017
dimanche 30 juillet 2017
ÉCHOGRAPHIE
L'ange au coeur creuse son trou
un nuage qu'on n'attendait plus
pour l'entonnoir à pixels
un peu de silence éclate
un oiseau passe en aveugle.
Le matin impose sa loi.
Jean Coulombe © 2017
samedi 22 juillet 2017
POÈME NOSTALGIQUE
De plus en plus
la plupart des gens
que j'ai perdus de vue
et qui me reviennent en mémoire
sont soit morts
soit devenus «quelqu'un d'autre»
sur Facebook
et je sais que c'est vrai finalement
que plus ça va
plus le temps passe
vite
même si la plupart de ceux
qui me disaient ça
quand j'étais enfant
ne sont plus là pour me le rappeler.
C'est pour ça que la nostalgie
c'est de moins en moins mon truc.
Denis Samson © 2017
mardi 18 juillet 2017
LA PIERRE
La pierre de l'enfance
comme un arbre nu
cloué au sol qui brûle
on reçoit le soleil oblique
en petits frissons pâles
à l'envers des heures
le silence est dur d'oreille
la taïga tatouée à l'oeil
on avance à petits pas
comme une bête blessée.
On comprend par le coeur.
Jean Coulombe © 2017
mardi 11 juillet 2017
AFFRONTER L'AUBE
... à l'Honorable ministre de notre santé
Le matelas fatigué
le sommeil ressemble
à une punition.
Quand la lumière revient à la fenêtre,
le matin les fesses à l'air,
la tête s'arrache de l'oreiller
comme une blessure...
Souvenirs sous perfusion
le manger mou de la mémoire
est servi froid.
Ailleurs, durant ce temps
un technocrate de la compassion
compulse des statistiques;
à la télé, son patron
dit qu'avec un bain par semaine
quand on transpire pas trop
on pue pas (trop).
Denis Samson © 2017
jeudi 6 juillet 2017
LE VOYAGE
Ton visage
s'incruste
aux pourtours
du matin
je ne sais
si sa lumière
est friable
l'espace autour
du regard
s'enflamme
les mots partent
sans se retourner
le voyage
sera
long
Jean Coulombe © 2017
dimanche 25 juin 2017
TOUT CE QUE...
tout ce que tu es
a de l'or
serti à ses silences
tout ce que tu murmures
roule sans fin sur ma peau
tout ce que tu chantes
m'envole aux falaises
tout ce que ton écho me ramène
je le cache au creux du roulis
demain sur le ventre de l'aube
je cueillerai ton ombre au rivage
Jean Coulombe © 2017
mercredi 21 juin 2017
PHOTO
Tu regardes le ciel
je regarde la mer
la photo se souvient
un accroc dans les nuages
un oiseau
qui s'en fout
la mémoire a des ailes
différentes pour chacun.
Denis Samson © 2017
jeudi 15 juin 2017
CONVOI
Contre le métal du réel
intrusions intraveineuses
intra intra intra
convoi plombé
le sang poétique
cogne dru aux étoiles
entre les débris de satellites
passer droit aux douanes
avec un certain courage
retenu en otage.
Jean Coulombe © 2017
mardi 13 juin 2017
POUR LE PLAISIR
Réalité brevetée et manipulations langagières,
ignorance virale et mensonge généralisé,
dans le grand show zen surréaliste pour épicuriens
les mots semblent ne même plus être sensés vraiment
vouloir dire quelque chose...
Dérives sexistes, homophobes, racistes
et fascisantes,
au nom de quelque absolutisme moral,
religieux ou politique que ce soit,
là où l'amour devrait crever les yeux
dans ses dogmes autoritaires, doctrinaires
et hypocrites,
la haine est aveugle.
Entre l'horreur et la météo
à la télé
avec le décompte des morts
durant la nuit
sur les routes ou
éclatés par des bombes
ou autrement,
entre la misère et les exploits
des multimillionnaires du sport
et cette dépression qui nous arrive
du Colorado du Texas
ou d'ailleurs,
encore un dernier tour de méninges
avant d'aller dormir
à écrire
pour le plaisir
juste
pour le plaisir.
05 A.M.
Denis Samson © 2017
mercredi 31 mai 2017
NOEUDS
La bureaucratie des soupirs
peuple les couloirs d'hôpital
tant de chairs en pâture
tant d'existences friables
palper les noeuds oubliés
familles marées
bousculées au couchant
un été au désert froid
ce qui nous brûle
hors portée
les veines
plonger sous vide.
Jean Coulombe © 2017
lundi 22 mai 2017
UNE PLACE POUR MOI
En ce mai/novembre
les larmes/pluies
s'abattent au visage
le théâtre de rue
congédie ses comédiens
vampirise les trottoirs
«The show must go on»
paraplégie corrosive
rien n'arrête les humains
il y a toute cette chaleur
à aimer loin dans les âmes
Sisyphe qui remonte sa pente
l'histoire d'une vie à réparer
le long de la fosse sans orchestre
on s'allume un village perdu
clope à clope
en tirant la laisse de son chien.
Que faire du soleil résiduel?
Jean Coulombe © 2017
lundi 15 mai 2017
EN RAPPEL
Nuages défigurés
peignures d'ombres vent debout
draps tendus l'horizon sur un fil
tel un perchoir où le ciel à sécher
a vu s'éteindre le jour
la pluie a peint
l'écorce des arbres dans la cour
ocre vert brun et jaune
et quand la lune
bat le rappel des ombres
le vin la bière et le silence
ramènent une chanson
à la table des souvenirs.
Denis Samson © 2017
mardi 2 mai 2017
AU JARDIN BLEU (extrait #1)
Vidéo poème de Jean Coulombe et Gilbert Sévigny
Tout se joue ici
les enfants cruels
chassent les esprits
de ce jardin bleu
qui m'habite
en plein jour
en pleine ombre
chacun de ces rivages
réinvente mon histoire
la traversée des songes
hurle ma voie
plombe ma nuit
je pourrais perdre ma trace
au cercle des étoiles
je n'ai pas choisi
cette lumière
qui me torture
demain sera autre
nos corps en ravage
incertains d'amour.
Jean Coulombe © 2017
vendredi 28 avril 2017
PRÉDATIONS
Dans le show d'insipide réalité
la connerie augmentée
l'ignorance devenue virale
un album de grimaces pour mémoire
gavés de pourriture industrielle
l'ordre établi festif
il y a des pièges pour chacun
des soins bancaires pour tous
prédations corporatives au quotidien
rêves d'enfants des «sweat shops»
la maltraitance économique des populations
se poursuit
quand la réalité appartient
à des intérêts particuliers
entre le bulletin de santé économique
de l'écran narcotique
et les soins intensifs
de la laideur
ça crève les yeux
que c'est pas la même vie
pour tout le monde!
Sang cicatrice mouvante
le coeur dans ses chaînes
avec l'énergie de l'espoir
à mimer les saisons
jusqu'au dégel
la parole se fait chair
aux laboratoires d'insomnie.
Denis Samson © 2017
lundi 17 avril 2017
POÉTAXI
Taxi cargo broyant la nuit
le compteur à zéro
chauffeur univers
poétise la carte urbaine
entre les sourires
taxi de frères d'armes
bourrés de bière
de lambeaux de poèmes
ville translucide
le ventre de la bête.
Jean Coulombe © 2017
mardi 11 avril 2017
SOUS LA PEAU
Tu chantais
seule au rivage
une galaxie
en offrande
sertie de petites joies
lancées sous la peau
et je respire
en lumière
le hasard brûlant
des ombres.
Jean Coulombe © 2017
mardi 4 avril 2017
CIEL SEMÉ D'EMBÛCHES
... à François
Morsures du vent
le soleil entre les dents
trois cigarettes et un sourire
pour pénitence
l'auréole attachée avec de la broche
au sortir du sous-sol
du ciel alcoolique repentant
prières faisant l'objet d'un rappel
le fond de l'heure est frais.
Denis Samson © 2017
vendredi 31 mars 2017
DENISE
Dans son
demi sous-sol
de la rue
du couvent
ma tante Denise
fait bouillir
des oeufs
pour la cabane
à patate
de son mari
elle chante
avec la radio
la seule chanson
d'amour
qu'elle connaît
elle chante
avec la radio
le jingle
de la radio
chez
ma tante Denise
le soleil
a de la misère
à rentrer
et fait
des ombres chinoises
à travers les pots
pour se faire remarquer
la vie
sent le vinaigre
chez
ma tante Denise
Alain Larose © 2017
lundi 27 mars 2017
ODEURS
Roses de glace
fenêtres qui craquent
aube frileuse
en haillons de fumée
ça sent la neige.
La neige sent l'usine.
Denis Samson © 2017
mardi 21 mars 2017
PAYS NATAL
Cette ville me tétanise
avec son petit maire
ses petites misères
et ses rats des ondes
cette ville me blesse
j'y mourrai sans doute
perclus d'arthrose sociale
balloté dans le glauque
des paroles creuses
sans le rauque d'un cri
cette ville me tue
tant de turpitudes
érigées en monuments
tant de m'as-tu-vus
et de petites grandeurs
sur fond de pays inexistant.
J'aime cette ville!
Jean Coulombe © 2017
samedi 18 mars 2017
PANNE SUR LA LIGNE ORANGE
Prends tes bagages
le train part
une minute après minuit*
Ce soir
le fantôme
du Grand Antonio
tire un wagon
de la ligne orange
jusqu'au camp de Jasenovac
en Croatie
100 000 morts
l'attendent là-bas
et tous les jours
à Montréal
le fantôme
d'Anton Baričević
d'épicerie
parle à ceux-là
il décrit
les rayons
d'un festin
qui n'arrivera jamais
mais qui tient
pourtant
dans l'air
entre ses mains
Prends tes bagages
le train part
une minute après minuit
Anton Baričević
ne repose pas
il en faudra
des voyages
pour les faire
monter
tous
Anton Baričević
c'est chez toi
tu tires toujours
ton wagon
à Mont-Royal
les passagers du métro
remontent
de sous la terre
en sacrant
Alain Larose © 2017
* «Belgrade» par Miroslav Antić
lundi 13 mars 2017
RELEVÉ D'ÉCRITURE
Van Gogh délavé laminé
de travers
motel qui pue juste pas
la cigarette
à l'heure à la journée
ou va te faire soigner!
Motel perdu le long
d'une artère bouchée
où passe plus personne
ayant encore un peu de compassion
pour la beauté
motel avec le son de la télé coupé
et un couvre-lit qui pue
(juste pas la cigarette)
motel avec fenêtre
qui regarde ailleurs
pour pas voir la beauté
se pousser avec les étoiles
quand le jour se lève en pleurant
sur le parking
le silence percuté par un train
relever d'écriture
le matin arrivant comme un voleur.
(journal-extrait)
Denis Samson © 2017
dimanche 5 mars 2017
NUIT SANS ATTENTE
La poésie à l'os
comme jamais
seul à seul
dans la foule
les autres veulent
de la musique
des heures grises
aux cendres du matin
la forêt des nuits
peuple notre feu
parlons de nous
dans la langue
des épinettes.
Jean Coulombe © 2017
jeudi 23 février 2017
RAQUETTES
Blancheur d'un silence charnel
le soleil me réchauffe
pas pantoute
mais la beauté
peint des ombres
parmi les congères,
filles de neige
en ponchos de soie.
La beauté n'a pas froid aux yeux.
Denis Samson © 2017
jeudi 16 février 2017
LES LENDEMAINS (CSS # 15)
Poésie du village enfoui
les mononcs qui disent «Bonjour»
les matantes qui jasent
les marmots qui font risette
mais les âmes en dérive
les amours mal barrées
la bière contemplative
les arcs-en-ciel de poteaux
le grondement du métal
les trottoirs à obstacles
un plein ciel à oiseaux
avec ses couleurs en averse
ses rêves en chantier
il y a l'immense clameur
des lendemains à défricher.
Jean Coulombe © 2016
samedi 11 février 2017
MARITIME
... à Jean Coulombe *
- 1 -
Feux des navires à l'horizon
rideaux qui flottent
fenêtre ouverte
dans «un mur d'étoiles» *
enchaînée à la rouille des marées
à l'ancre la lune luit.
- 2 -
Ressac du sommeil
la mer à la dérive
la tête pleine d'échos des coquillages
esquisse d'un naufrage
reconstruction céleste
sous l'autorité des eaux
peignure d'océan avec oiseaux
- 3 -
Poulpes de braise au visage de l'aube
sur le quai des poissons
régurgitent la mer...
La mer reprend son souffle.
Le port repose dans ses ancres
Denis Samson © 2017