lundi 28 octobre 2024

À CONTRE-FEU




Il y a des rivières
qui nous enrobent

des flammes
en rappel

au bûcher de l'enfance
je poursuis la braise
loin dans mes artères

seul à seul

le vent se replie
sous la neige

mes nuits mes rêves
tout s'ouvre enfin

je remonte aux sources
coyote orphelin

seul à seul

j'appelle le feu
au secours du coeur

en moi les galaxies
lancent un appel d'air

je danse aveugle
comme un immeuble
en cavale

seul à seul

la sortie hypnotise.


Jean Coulombe (texte, images et réalisation)
Gilbert Sevigny (collaboration)

Tous droits réservés © 2024

dimanche 22 septembre 2024

LA MORSURE DU CHIEN FANTÔME

 (juillet 1970, Saint-Léonard de Portneuf)



















Par une nuit sans lune
j'ai traversé l'horizon

évadé de ma vie
pour tomber dans le noir
sous les crocs du chien fantôme

j'ai hurlé ma survie
poursuivi mon chemin
sans voir son ombre

en haut de la Côte Joyeuse
j'ai pu ouvrir les bras
enfin respirer le ciel

j'ai souvent repensé
aux grognements aveugles
qui ont déchiré le silence

je n'avais de famille
que moi-même...









mardi 27 août 2024

THÉÂTRE D'OMBRES

 
























De nos théâtres d'ombres
au petit jour
naissent des fantômes.

Poussière flottant dans l'air,
tamisée de lumière,
des congères de sommeil
plein la tête,
les visages du miroir
me font de l'oeil.

Entre l'aube et son modèle
je feuillette mes rêves
livre d'images
qui se bousculent
et puis d'enfuient.

On se souvient parfois
comme on oublie...

Sans trop savoir pourquoi.


Denis Samson © 2024

dimanche 28 juillet 2024

LE PEU DE LUMIÈRE

 
















Le peu de lumière
qu'il me reste
brûle doucement

l'humilité a ses ombres
je ne suis pas un dieu

des amis gonflables
déversent leur sagesse
sur internet

tout combat semble perdu
on se réfugie où on peut

le silence est un baume
l'avenir est une veilleuse.


mardi 11 juin 2024

INCENDIES ET AUTRES LUEURS








Je chemine au hasard
hors paysage hors saison
pour toucher l'intangible

mes paroles éphémères
glissent incantatoires
sur la pierre du vent

on me rappelle à l'ordre
une musique s'insinue

mes paupières muettes
trébuchent au froid

blanches chaleurs
aux franges de lumière

sur le sentier des incendies
les anges circulent

sous la peau du ciel
je me consume

brutales les ombres
descendent en moi

ivre de flammes
j'ai encore soif

les lueurs s'allument
pour mieux fermer le jour.


Jean Coulombe © 2024 (texte et images)
Gilbert Sevigny © 2024 (réalisation et son)


 

mercredi 29 mai 2024

ÉPHÉMÈRE

 
















Le jour
enchaîne les heures
comme les heures
enchaînent le jour
nous lient à l'éphémère

migration des ombres
d'une même lumière

souvenirs qui s'estompent comme
dessins d'enfants
oubliés sous la pluie,
images sur papier peint
délavé
dans les décombres des saisons...

Grandes fournées d'étoiles
se consumant
dans la nuit des temps.


Denis Samson © 2024

lundi 29 avril 2024

COSMIQUE

 



















J'avance vers le ciel

dans mon regard nu
ses eaux noires

j'avance sous la nuit
je goûte la beauté
je survole l'immensité

les astres confondus
me procurent
une halte existentielle

le pourquoi des étoiles
leur poids quotidien

la saveur des cendres
ce précieux souvenir

tout concorde...







lundi 25 mars 2024

AU CORPS DU MATIN

















Chez Yolande 4H15 am, Quartier St-Sauveur à Québec. Printemps 83

AU CORPS DU MATIN

Un ordre de frites au corps du matin
dans la très basse-ville de Québec

clientèle venue de nulle part
pour retourner nulle part

basse-nuit de ma basse-vie
dérives et résurrection

complainte pleine au bouchon
avec un gros trou dans l'coeur

les frites sont bonnes
graisseuses à souhait
petit répit de creux de vague

certains s'accrochent au comptoir
d'autres les décrochent

la nuit avale tout l'monde
sans compromis...

Ici, personne appelle la police.





mercredi 13 mars 2024

CARREFOUR DES VENTS


















Il neige je marche
sur ce sentier des heures lentes
là où se réfugient les ombres
à la tombée du jour.

Je rêve au printemps
et sous la lumière des réverbères
malgré l'usure du temps
dansent des fées de neige
venues d'une enfance au coeur
lapidé de pierres précieuses.

Au carrefour des vents
l'usure du temps
habille mes saisons.


Denis Samson © 2024


 

samedi 10 février 2024

NOS CORPS

























Nos vies fragmentées
petites soirées solitaires
accompagnés ou seuls

le passé se détache du ciel
en petites grappes
on demande l'addition
pour clore le malaise

les lucioles humaines
clignotent au crépuscule
les satellites clignotent aussi
tout clignote   tout clignote

nos corps lumière
pâles reflets
illusions fugaces

nos faibles corps
véhicules terrestres
sacs à viande
pulsions orgasmiques

nos corps flanchent
nos corps exultent

nos corps en vrille fatigués
obsolescence programmée

nos corps d'animaux
en apnée tatoués limpides
livrés sans états d'âme
au marasme ambiant

nos corps médicalisés auscultés charcutés
radiographiés irradiés autopsiés

nos corps bedonnants
toujours à remodeler
toujours imparfaits

nos corps pixels
abonnés au social livrés à la foule
scrutés pesés facebookés instagrammisés
lancés au mépris au dédain

nos corps trop temporels
messagers ontologiques
guerriers de l'absurde

nos corps à corps perdus
livrés au cosmos

on aura cru sans pouvoir
on aura pu sans y croire.

Nos corps... Nos corps...
Nos corps nous parlent!






 

lundi 29 janvier 2024

L'AIR DU TEMPS



















Mots dont l'esprit se fait chair
vêtus de sèves et de cendres
ou mots dont les songes sont la clé
ouvrant l'oeil jusqu'au coeur
aux fenêtres des décombres
du passé

poèmes comme des puzzles
dont l'image au final
ressemble peu parfois à celle
entrevue au départ.

Emmaillé à l'endroit comme
à l'envers
du temps
j'écris
ce pays des saisons
qui m'habitent

ce pays qui me dit
qui je suis.


Denis Samson © 2024


 

jeudi 4 janvier 2024

NEIGES CRAMÉES




















Pompier  involontaire
des neiges cramées,
perdues

le monde m'effleure
pour mieux disparaître

je m'empare de la rumeur
d'un vent solitaire

conversation poétique
en apnée d'âme

j'apprends à connaître mon père
longtemps après sa mort

nos corps regardent au loin
ces fracas immobiles.